un autre Trèbes : BÉRAGNE

 

Au printemps 2011 lors de fouilles archéologiques préventives (avant l'aménagement d'un parc d'activités économiques) un village médiéval a été découvert.

 

Au printemps 2012 le chantier a repris afin d'assurer la parfaite fouille de ces vestiges et les découvertes ont dépassé ce qui avait été envisagé initialement.

 

Sept chantiers ontt été entrepris, allant du Néolithique (-4000 av J-C) jusqu'à ce village médiéval, en passant par une période située entre les âges du bronze et du fer (1 000-700 av. J-C). et une ferme gauloise de 100 av. J-C.

 

Le plus important est sans conteste le bourg avec des constructions qui s'échelonnent du Vème au XIIème siècle avec habitations en pierre, silos, une église  Saint Jean de Beronia datant de l'an mil  et de nombreuses tombes.

 

Béragne était à l'époque le chef-lieu d'un territoire regroupant des fermes isolées dans la périphérie comme Sautes, Gaja, La Cavayère… Le seigneur y habitait et percevait les redevances des paysans qui venaient assister à la messe. La guerre de cent ans, les pillages du Prince Noir, les premières épidémies de peste ont eu raison de cette petite communauté qui s'est réfugiée alors à Trèbes, village fortifié ou plus loin à Carcassonne.

 

Dans un espace quadrangulaire d'environ un hectare, ces tombes rupestres se sont développées et se sont superposées au fil du temps. Si les premières se trouvent en plein champ, les plus récentes se situent autour de l'église dans un cimetière clos. Parfaitement clos par un fossé, un mur et des haies, ce cimetière clos se rapproche de ce qui se faisait à l’époque en ville.

Les 300 tombes (dont un tiers d’enfants) y sont en effet superposées, alors qu’elles étaient habituellement situées les unes à côté des autres en milieu rural. Dans chacune d'entre elles, des hommes, des femmes, mais aussi quantité d'enfants gisent, dont les squelettes permettent d'établir leur mode de vie et leur environnement. La pathologie osseuse fait ainsi apparaître une nourriture très grasse. Deux squelettes décèlent un acte médical, l'un présentant une trépanation, l'autre une amputation au niveau de l'humérus. C’est assez étonnant de trouver cela dans une population rurale, puisqu’à l’époque, les actes chirurgicaux étaient réservés à des privilégiés.

 Les ossements sont très bien conservés ce qui a permis des analyses en cours  .

Chacun des squelettes démontés, os par os, est actuellement en laboratoire afin de révéler l'identité biologique, et pour pratiquer l'examen de lésions pathologiques.

 

 

 

 

 

Le site habité dès le XIIe siècle, il s’avère de loin le plus prolifique. L’habitat est constitué de maisons en pierres, ce qui est assez rare dans la région. À proximité, on trouve plusieurs centaines de silos des 12e et 13e siècles.

La présence d’une église est également surprenante, d’autant que le choeur a été réalisé en pierres et la nef en bois et terre.

 

 

Un chevalier a acheté des terres et mis le terroir en culture. Le hameau s’est développé tout autour, de façon assez importante. On sait par des écrits de la fin du XIe siècle qu’un chevalier prénommé Xatmarus a cédé une partie des droits du domaine aux chanoines de Saint-Nazaire (Cité).

Ce cimetière comprend une population paysanne dans toute sa diversité, sur 300 ans ! Cela va nous donner l’image complète d’une population sur la période qu’on connaît le moins !

Tous les individus ont été identifiés (sexe, âge...) et vont être analysés en laboratoire, lors de l’étude biologique. On va ainsi savoir de quelles maladies ils sont décédés, quelle était leur alimentation etc. On sait déjà qu’un petit nombre d’individus souffrait de lésions consécutives à une nourriture trop grasse. L’analyse des céramiques va aussi nous renseigner, notamment sur la période d’abandon du site, vers le XIIIe ou le XIVe siècle.

L’un des enfants qui est né et a grandi sur le site de Béragne est devenu évêque de Carcassonne, connu sous le nom de Radulphe ! À l’époque, les fils de serfs n’avaient aucun espoir de se hisser à cette fonction. Mais cet enfant avait su montrer quelques prédispositions, au point de se faire remarquer par les chanoines qui administraient le domaine. Il eut la chance d’aller à l’école-cathédrale de Saint-Nazaire. Avant de gravir les échelons, jusqu’à devenir évêque de 1255 à 1266. Radulphe fit alors construire la chapelle qui abrite aujourd’hui son tombeau, dans la basilique Saint-Nazaire.

 

Jérôme Hernandez, l'archéologue qui mène les recherches