le quartier du Plô, vers 1750

 

 

La lecture du compoix (ancien cadastre) fournit de nombreux renseignements sur l'organisation du village en 1742. Le tracé des rues, le découpage des quartiers ont pratiquement peu varié depuis. Les maisons et des terrains non bâtis occupent tout l’espace enclos par des remparts. Leur dénombrement relativement exact et précis et leur description même succincte nous permet-tent d’imaginer l’aspect de Trèbes à cette époque.

 

Le quartier du Plô recouvre probablement le village primitif dont nous ignorons la date de naissance. Il s’étend de la place du marché à la porte d’Orbiel, et de la place de l’église au Castel, citadelle démolie vers 1420 (cf Abbé Viguier)

 

De l’emplacement de cet ancien château, on peut jouir d’une vue imprenable vers le nord et vers l’ouest, il domine en effet les plaines de l’Orbiel et du Dévès, voies de passage très anciennes, sans doute préhistoriques.

 

 

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Le Plô en langue d’oc désigne un terrain plat (ou le sommet à peu près plat d'une colline) mais aussi une place.
Le quartier du Plô se caractérise par un réseau de rues irrégulières au tracé sinueux comme dans tous les villages du moyen-âge. Les impasses actuelles (imp. de l’église, imp. Barbés) ne seraient-elles pas le reliquat de passages reliant ces rues ? D’autant plus qu’au 18ème siècle, elles conduisaient aux multiples jardins établis au cœur des îlots bâtis. Et nos aïeux pour aller directement de la rue André Chénier à la rue Barbès ou de la rue de l’église au Prioulet (dénominations actuelles) devaient les utiliser comme chemins de traverse, avec à leur suite des « carriérous » desservant ces jardins.

 

Toutes ces voies de pénétration facilitent la circulation entre les bâtisses dénombrées, soit 52 maisons d’habitation, 4 écuries et 2 étables, 8 pailhes, 6 couverts (remises ou hangars dont l’un abrite un four à pain)

 

De ces 52 maisons répertoriées, 4 disposent d’un jardin attenant, 11 d’un patu, 9 d’un patu et d’un jardin. 22 n’ont aucun débouché privé. On compte au total 15 jardins et 29 patus (un patu désigne une cour débarras, un enclos servant souvent de basse-cour) …….
 
Le compoix indique la surface occupée par chaque maison, précisée à des fins fiscales, mais l’évaluation en cannes nous parait quelquefois douteuse. La plupart des demeures occupent de 7 à 10 cannes soit de 22 à 32 m2. Poussons la porte de bois plein et entrons. Au rez-de-chaussée, au sol de terre battue, se trouve la cuisine avec le foyer indispensable. Une petite fenêtre ouvrant sur la rue éclaire parcimonieusement la pièce. Souvent à sa base, on a placé l’évier en pierre dont les rebords supportent un seau en bois ou une cruche en terre vernissée. Les  eaux usées s’écoulent dans la rue.
 
Les maisons contiguës à un patu ou à un jardin disposent d’un autre «finestrou» et sont donc mieux éclairées. Un mobilier très simple garnit la pièce: la table et 2 bancs, une paire d’escabeaux, un coffre et parfois un pétrin. Souvent, au fond de la cuisine une alcôve abrite le lit.Quand l’habitation dispose d’un étage, dit plancher, c’est là que se situent les chambres ……..

 

Le patu ou la courette attenant constitue un espace fort utile pour ranger les outils, entasser les fagots ou élever des poules.
 
Seules 2 demeures présentent un peu plus d’importance, celles de Jean CLERC (f°77) imposée 2 livres 3 sols 3 deniers pour ses 31 cannes 7 pans, et celle de Pierre CLERC (f°78) qui paie 1 livre 7 sols pour 15 cannes….

 

 

d'après un article de M. SARDA